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L'éclatement de la bulle contraint Dubaï à rééchelonner d'urgence sa dette

L'Etat-métropole, dépourvu de ressources pétrolières, est victime de ses excès dans l'immobilier. L'éclatement de la bulle le contraint à rééchelonner d'urgence sa dette. Les Dubaïrotes ont la gueule de bois.

Par Marc Roche

Publié le 26 novembre 2009 à 10h28, modifié le 18 décembre 2009 à 17h02

Temps de Lecture 3 min.

Les Dubaïrotes ont la gueule de bois. Pays de la démesure, leur émirat est aujourd'hui au bord de la faillite, incapable d'honorer ses engagements financiers. Le choc de l'annonce, mercredi 25 novembre, du rééchelonnement de la dette de deux de ses groupes phares – le conglomérat Dubaï World et sa filiale immobilière Nakheel – jusqu'au 30 mai 2010 au moins, a été amplifié par le fait que personne ne s'attendait à un tel cataclysme. Les marchés pensaient que l'œil du cyclone s'était éloigné.

La dette de Dubaï World, estimée à 59 milliards de dollars, représente l'essentiel de celle de l'émirat, évaluée entre 80 milliards et 90 illiards de dollars (39 milliards d'euros). Sa filiale Nakheel, promotrice de la construction des célèbres îles artificielles en forme de palmiers, est incapable de rembourser, d'ici au 14 décembre, une obligation islamique d'un montant de 3,5 milliards de dollars. Une émission de 1,2 milliard de dollars de Limitless, une autre filiale de promotion immobilière de Dubaï World, arrive aussi à échéance au printemps.

Signe supplémentaire de cette grave crise financière, Dubaï a levé d'urgence 5 milliards de dollars en bons du Trésor, souscrits par deux banques d'Abou Dhabi au titre de son programme de 20milliards de dollars de bons du Trésor annoncé en début d'année.

Petits et grands argentiers de la planète sont dans leurs petits souliers. Dubaï World est l'épine dorsale de l'économie de cette petite nation du Golfe, pilier de la fédération des Emirats arabes unis. L'expansion effrénée de ce holding attrape-tout (transports, ports, immobilier, loisirs…), à Dubaï comme à l'étranger, avait été financée par un endettement colossal auprès des investisseurs, en particulier auprès du grand frère, l'émirat voisin d'Abou Dhabi, et des banques internationales.

PROJETS URBANISTIQUES ARRÊTÉS

La débâcle de Dubaï a provoqué une envolée de la prime pour assurer sa dette. De surcroît, la baisse immédiate par les agences Moody's et Standard & Poor's de la note financière des six principales sociétés nationales de l'émirat ne manquera pas de renchérir leurs emprunts. Or, ces entreprises doivent honorer au cours des trois prochaines années des engagements de 50 milliards de dollars, représentant les trois quarts du produit intérieur brut (PIB) de cette nation mouchoir de poche.

Le moratoire illustre la déconfiture de la seule zone du Golfe à ne pas avoir de rente pétrolière ou gazière pour se protéger des retombées du ressac économique mondial. En effet, au sein de la fédération, Dubaï n'a pas les ressources pétrolières d'Abou Dhabi, l'un des plus gros producteurs de brut au monde.

Bras armé du modèle dubaïrote, symbole de l'argent facile et d'une croissance à deux chiffres enregistrée depuis le début des années 2000, l'immobilier résidentiel ne s'est jamais remis de la débâcle de septembre 2008. Faute de liquidités, d'ambitieux projets urbanistiques pilotés par Nakheel, en particulier la tour la plus haute au monde, ont été arrêtés. Les entreprises de BTP n'ont pas été payées depuis des mois.

La crise de l'immobilier a entraîné dans son sillage le système bancaire local, fortement exposé "à la pierre". Par ailleurs, le formidable portefeuille d'actifs industriels et immobiliers à l'étranger, en particulier aux Etats-Unis, a souffert des effets des incertitudes économiques occidentales. En se diversifiant dans le secteur tertiaire faute d'excédents pétroliers, Dubaï paie le prix le plus fort.

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Le coup est rude pour l'émir, cheikh Mohammed Ben Rachid Al-Maktoum. Le président de Dubaï World, Ahmed Ben Sulayem, son bras droit et confident, est désormais sur un siège éjectable. La grave crise financière que travers l'Etat-métropole a déjà eu raison d'un autre homme lige, Sameer Al-Ansari, le président de Dubaï International Capital, le principal fonds souverain. A la lumière de l'omniprésence dans la vie des affaires de la famille régnante qui tire toutes les ficelles, le souverain est désormais en première ligne.

Pour sortir de l'ornière, Dubaï devra s'en remettre à Abou Dhabi. S'adressant au début du mois à une délégation d'hommes d'affaires, cheikh Mohammed s'est efforcé de les rassurer sur la solidité du couple pivot de la fédération.

Reste qu'en échange d'une nouvelle aide, le suzerain pourrait exiger de monter au capital des deux derniers bijoux de la couronne dubaïrote, Emirates Airlines et Dubaï Ports.

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