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Disparition des abeilles : comment l’Europe a renoncé à enrayer leur déclin

Depuis l’introduction des insecticides néonicotinoïdes, il y a moins de trente ans, les trois quarts des populations d’insectes volants ont disparu. Cet été, l’Union européenne a renoncé à protéger rapidement ces pollinisateurs.

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Publié le 27 août 2019 à 05h38, modifié le 27 août 2019 à 12h53

Temps de Lecture 10 min.

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Des abeilles dans le ciel de Francfort (Allemagne), le 13 août.

Il n’y aura pas de répit pour les abeilles. L’Union européenne a décidé de passer outre l’avis de ses propres experts, et de la communauté scientifique au sens large, dans la protection de ces insectes. Après six années d’atermoiements, l’un de ses comités techniques a adopté au cœur de l’été, le 17 juillet, un texte réglementaire parmi les plus lourds de ­conséquences pour l’avenir de la biodiversité sur le Vieux Continent.

Le texte en question – une mise à jour des principes d’évaluation des effets des pesticides sur les abeilles – fait l’impasse sur l’essentiel des recommandations de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), l’agence d’expertise officielle de l’Union. L’écrasante majorité des mesures proposées par l’agence sont renvoyées à un examen ultérieur, au mieux, après l’été 2021. Et ce, alors que l’EFSA fait savoir depuis le printemps 2012 que les tests réglementaires actuels ne protègent pas les abeilles et les pollinisateurs sauvages (bourdons, abeilles solitaires, papillons, etc.). Interdits depuis fin 2018 en Europe, les trois principaux insecticides néonicotinoïdes (imidaclopride, clothianidine et thiaméthoxame) pourraient ainsi être remplacés par des produits aussi problématiques.

Nouvelles générations de pesticides systémiques

Ce nouveau report d’au moins deux ans dans l’adoption de nouveaux « tests abeilles » intervient alors que les études soulignant l’effondrement des populations d’insectes pollinisateurs succèdent aux alertes du monde apicole. La plus marquante de ces études, publiée en octobre 2017 dans la revue PLoS One, suggère que la biomasse d’insectes volants a chuté de plus de 75 % entre 1989 et 2016 dans une soixantaine de zones protégées d’Allemagne. Avec un pic à plus de 80 % de déclin lorsque la mesure est faite au cœur de l’été.

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Au cours de ces vingt-sept ans, expliquent les auteurs, ni l’évolution des températures ni celle des précipitations, du nombre de jours de gel, de l’éclairage, de la quantité d’azote dans les sols ou du couvert végétal ne permettent d’expliquer un tel effondrement de l’entomofaune, dont les auteurs suspectent qu’il soit représentatif des « paysages de basse altitude d’Europe occidentale dominés par les activités humaines » – une suspicion que le « syndrome du pare-brise propre » constaté par les automobilistes âgés de plus de 40 ans, étaye largement.

Ce déclin abrupt de l’abondance d’insectes dans les campagnes européennes coïncide avec l’introduction des nouvelles générations de pesticides systémiques – néonicotinoïdes et fipronil – utilisés de manière préventive en enrobage de semences, sur des millions d’hectares de grandes cultures. « Les alertes des apiculteurs français, consécutives à l’utilisation de ces produits, remontent à 1994, et force est de constater que, depuis, la réglementation n’a pas vraiment évolué, en termes d’évaluation des risques des pesticides pour les pollinisateurs », déplore Martin Dermine, chargé de mission à l’ONG Pesticide Action Network-Europe (PAN-Europe).

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