La France recommence (enfin) à exporter son électricité

La production nucléaire et la douceur hivernale font que la France recommence à exporter plus d’électricité vers ses voisins européens.

Source AFP

La France est redevenue exportatrice nette d'électricité en 2023. (Photo d'illustration).
La France est redevenue exportatrice nette d'électricité en 2023. (Photo d'illustration). © Vincent Isore / MAXPPP / IP3 PRESS/MAXPPP

Temps de lecture : 3 min

Pour la première fois depuis des mois, la France est redevenue au tournant de l'année 2023 exportatrice nette d'électricité, à la faveur d'un hiver doux, d'une belle production éolienne et des efforts d'EDF pour rebrancher des réacteurs nucléaires. « Depuis le 1er janvier, le solde net d'exportation d'électricité s'élève à 1,4 térawattheure (TWh) », a indiqué mardi à l'AFP le gestionnaire du réseau de haute et très haute tension, RTE. Ce solde équivaut à la puissance consommée sur un an par 450 000 foyers.

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La « remontada » de la production nucléaire, la douceur hivernale qui évite de pousser le chauffage et des vents favorables pour la production éolienne font que la France recommence à exporter plus d'électricité vers ses voisins européens qu'elle n'en importe, au moins provisoirement. « On a l'impression qu'on a changé de monde », a résumé auprès de l'AFP Nicolas Goldberg, expert énergie au cabinet Colombus Consulting. « La consommation extrêmement basse, des éoliennes qui produisent à fond et un nucléaire qui produit dans la moyenne prévue par RTE, tout cela fait qu'on est exportateur net d'électricité et que plus personne ne parle de coupures » de courant, explique-t-il.

Dix réacteurs arrêtés

Au moment où les parlementaires examinent un projet de loi pour accélérer le développement des énergies renouvelables et rattraper un retard criant par rapport aux voisins européens, « l'énergie éolienne montre aussi qu'elle apporte un petit service en hiver », relève M. Goldberg. Signe d'une détente sur le système électrique, EDF a même arrêté jusqu'à dix réacteurs « juste avant Noël » pour économiser du combustible et optimiser sa production. « Les températures douces, au-dessus des normales de saison, et la moindre consommation en cette période font que le réseau n'a pas besoin de tous les réacteurs disponibles », avait signalé le groupe jeudi.

À LIRE AUSSI Michel Richard – Coupure d'électricité : le « délestable » et le détestable

Dans le détail, la France a renoué, selon RTE, avec les exportations nettes dès la première semaine des vacances de Noël, soit tout l'inverse de la tendance observée en 2022. Avec une production nucléaire historiquement basse estimée dans une fourchette de 275-285 TWh en 2022, la France avait été importatrice nette d'électricité sur presque l'ensemble de l'année (sauf février, mai et à partir de fin décembre), ce qui n'était pas arrivé depuis 42 ans. Historiquement premier pays exportateur d'électricité en Europe, la France avait dû en importer depuis l'Espagne, l'Allemagne ou le Royaume-Uni pour compenser son manque de production et éviter les coupures.

« Rester prudent »

L'an dernier, la France a été confrontée à un manque de disponibilité inédit du parc nucléaire en raison de maintenances programmées, mais prolongées, sur des réacteurs et de la découverte fin 2021 de problèmes de corrosion sur des portions de tuyauteries cruciales pour la sûreté des centrales, nécessitant de longues réparations. La France ne pouvait guère non plus compter sur ses stocks hydrauliques (les barrages), qui ont souffert de la sécheresse, même s'ils ont depuis été partiellement reconstitués cet automne.

Sous pression du gouvernement, EDF a mis les bouchées doubles pour remettre en service depuis le 1er novembre 14 réacteurs. « Les ingénieurs, les ouvriers, les salariés d'EDF viennent de remettre aujourd'hui en état (sur le réseau) les 45 gigawatts qu'ils avaient promis pour la mi-janvier » (sur une capacité totale installée de 61,4 GW), s'est félicité mardi le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, devant les députés. Avec 44 réacteurs rebranchés sur 56, le parc nucléaire affichait lundi une disponibilité de 73,7 %, niveau plus atteint depuis le 11 février 2022 (74,8 %), selon des chiffres d'EDF analysés par l'AFP.

La disponibilité du parc nucléaire devrait toutefois « décroître à nouveau à partir de février » 2023, relevait RTE dans sa dernière analyse fin décembre, alors que six réacteurs devront être arrêtés en 2023 pour des chantiers de corrosion. « On peut être enthousiaste, mais il faut rester prudent », souligne M. Goldberg. Car l'hiver est toujours sous vigilance renforcée. « Tout cela peut se retourner assez vite, si en février on a peu de vent et un coup de froid », prévient l'analyste. Dans cette hypothèse, la France devra puiser dans ses stocks de gaz pour produire de l'électricité et aborderait l'hiver 2023-2024 avec moins de marge, en l'absence ou presque de gaz russe acheminé par gazoducs.

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Commentaires (20)

  • claudev

    C'est une mauvaise nouvelle pour les grincheux, c'était un bon sujet pour les débats, les opposants et de ceux qui savent tout, le redémarrage en janvier était impossible Ils ont fait peur, certains ont acheté des groupes électrogènes chinois, stockés du carburant grâce à cette campagne médiatique, plus efficace que toutes les pubs. Autre mauvaise nouvelle les éoliennes fonctionnent. Il y a encore un peu d'espoir, il est prévu des arrêts de centrales en 2023. La complainte est une source d'énergie inépuisable, j'aime ce mot complainte qui se lit dans les deux sens

  • François Tursan

    Dans cette baisse de consommation, quelle est la part de la cessation totale ou partielle de la consommation électriques'activités industrielles qui, soit ont cessé ou diminué leur production, soit ont utilisé des groupes électrogènes au fioul ou gaz ? Avec les conséquences sur l'aggravation du déficit commercial, le chômage indemnisé...

  • jefberry

    "Électricité : la France se paye le luxe d'exporter un peu d'énergie grâce aux éoliennes

    Baptiste Morin, édité par Yanis Darras 20h16, le 13 décembre 2022
    Alors que les températures continuent de baisser, le réseau électrique français a pu compter sur un allié inattendu : le vent. La production éolienne, très faible ces derniers jours à cause d'un anticyclone, est remontée rapidement ce lundi, permettant de satisfaire la demande, et même d'exporter vers le Royaume-Uni. " extrait d'un article d'Europe 1...