Remarque annexe : la France possède des stocks stratégiques de pétrole sur son territoire qui lui permettraient soi-disant de couvrir environ 6 mois (171 jours) de pénurie.
https://lenergeek.com/2018/11/28/stocks-strategiques-petrole-france/ On en entend parler à chaque fois qu'une grève ou un mouvement de contestation tente de bloquer l'accès aux réserves pétrolières des pompes.
Dire que nos sociétés sont fragilisées car elles sont très dépendantes du pétrole n'est évidemment pas contradictoire. Ce qui l'est, c'est la généralisation : plus une société est puissante, plus elle est fragile. Je donnais cet exemple mais si vous regardez les vidéos et particulièrement la 3ème, il y a plusieurs généralisations abusives (autre exemple : les riches sont comme par nature égoïstes, les pauvres sont naturellement dans l'entraide).
Concernant l'exemple d'Haïti il me paraît tout à fait probant pour illustrer cette thématique des vulnérabilités différenciées aux catastrophes climatiques, puisque vivant depuis une dizaine d'années une situation qu'on pourrait effectivement qualifier d'effondrement, suite aux cyclones à répétition ainsi qu'au séisme de 2010 (plus de 300 000 morts) et à l'ouragan de 2016. Or on ne peut pas dire que le pays soit en bonne voie de reconstruction ou de résilience accélérée avec plus du quart de la population en crise alimentaire, toujours en demande d'une aide humanitaire extérieure, en prise avec des émeutes violentes au sein de la population, une dépendance au pétrole y compris pour l'alimentation quotidienne, une agriculture en partie dépendante des semences, engrais et pesticides de Monsanto, une corruption généralisée du pouvoir politique...
https://www.legrandsoir.info/pour-comprendre-la-revolte-des-haitiens.htmlOn voit qu'ici il n'est plus question de tendresse et on peut se demander si ce n'est pas ceux qui sont le plus protégés du chaos (et peut-être les plus responsables de ce chaos) qui peuvent envisager de voir la violence avec tendresse, mais de loin ! Aussi, plutôt que d'attendre béat et souriant un chaos inévitable en supposant, par je ne sais quel acte de pensée magique (là encore ça fait penser à un vieux principe chrétien, du style tendre l'autre joue à celui qui vous frappe), que cela permettra d'amoindrir sa brutalité, je crois qu'on ferait mieux de se faire violence aujourd'hui afin d'éviter si possible le pire. Mais la contradiction que je relevais était dans la phrase même que je reformule afin d'éclaircir le "sophisme" : si on pense que la catastrophe est inévitable, alors il y aura forcément des situations de violence, de chaos réels. Il suffit, nous dit-on, par la pensée, d'envisager ces situations apocalyptiques avec tendresse, d'acquiescer avec reconnaissance, plénitude et compassion à ce destin de fin du monde, pour que cette violence disparaisse, alors qu'elle est présentée comme absolument certaine, consubstantielle au collapse général annoncé ! De deux choses l'une : soit il y aura de la brutalité, de la catastrophe, de l'effondrement et comme nous n'y pouvons rien, que c'est un "collapse systémique généralisé", nous en prenons tous plein les dents : perdus au cœur du cyclone ou à sa périphérie, nous le subirons. Soit nous pouvons d'une manière ou d'une autre éviter, ralentir, amoindrir la catastrophe, nous organiser afin d'agir contre et de prévenir la violence et nous nous donnons alors une chance d'y réchapper. Ce n'est pas logiquement tenable de joindre ici les 2 bouts de la ficelle.